Comme tous ceux qui ont accepté d’écrire un souvenir d’enfance, moi aussi j’ai des souvenirs de mon père, Lucien Fortin, qui jouait avec mon frère et moi au hockey et à la balle. Mais, étant menuisier contractuel, il se devait de ne pas refuser du travail afin de joindre les deux bouts, ce qui a quelque peu limité ces précieuses périodes. Toutefois, il m’a transmis ses connaissances en menuiserie, un acquis qui m’a servi tout au long de ma vie. J’adore travailler le bois; ça demeure mon passe-temps préféré. Papa m’a légué cet héritage qui vaut son pesant d’or.
Hélas, mon souvenir le plus vif de mon père est celui de son décès, suite à un cancer fulgurant qui l’a emporté le 8 août 1968. Il n’avait que 42 ans. Donc, même si je n’avais que 13 ans, l’ainé d’une sœur et d’un frère, je suis devenu « l’homme de la maison », pour ainsi dire. Ça forge un pré-ado d’être obligé d’aider à l’entretien d’une maison. Ce fut une jeunesse très différente de celle de mes amis, je peux vous l’assurer! Heureusement, il y avait maman, Gisèle Tétrault, devenue veuve à l’âge de 34 ans, qui a tout pris en main et nous a si bien élevés.